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Feux éteints, entre Kenyatta et Odinga

C’est sans doute l’une des surprises les marquantes de l’histoire politique africaine au cours de ces dernières années. Au Kenya, contre toute attente, le président Uhuru Kenyatta et Raila Odinga, son opposant, ont annoncé, leur engament à œuvrer à la réunification du pays après des mois d’une âpre bataille politique.

Même si des prophètes et autres évangélistes s’amusaient à prédire cet évènement, il y a quelques semaines, une très forte majorité de l’opinion nationale kényane et de l’opinion internationale auraient bien eu la peine d’y croire.

Tellement les rivalités, les atrocités, les violences à l’appel des deux camps étaient si profondes. Mais, aujourd’hui, et c’est le plus important, le pas courageux franchi par les deux ennemis d’hier, laisse derrière eux, les invectives méprisantes, les accusations de « dictature », les menaces d’arrestation d’un côté et de renversement de l’autre.

À la surprise générale, Uhuru Kenyatta, réélu en octobre 2017, et Raila Odinga, qui avait boycotté ce scrutin « illégitime », ont annoncé vendredi dernier s’unir « pour le Kenya ». Au terme d’une rencontre à Harambee House, les bureaux de la présidence, le chef de l’Etat et l’opposant historique ont fait une déclaration commune, tous sourires, apostrophes fraternelles et poignées de mains appuyées.

L’image est si belle, elle est symboliquement forte et présente des avantages certains au point où bien de jeunes Africains voudraient la voir déteindre sur plusieurs situations politiques en Afrique et qu’elle puisse changer positivement et radicalement, le cours des choses.

Uhuru Kenyatta va soigner son image et son héritage. Il semble également reconnaître qu’il ne peut mettre en place son programme économique ambitieux dans un pays si divisé et en proie à l’instabilité. Raila Odinga, quant à lui, peut encore une fois associer son nom à des réformes, comme il l’a fait au sein du gouvernement d’union nationale formé après les violences post-électorales de 2007-2008 ».

Cette réconciliation inattendue éloigne la crainte de nouvelles violences. Elle marque la fin d’une bataille électorale de près d’un an (un premier scrutin a été annulé par la Cour suprême) entre ces deux figures de la politique kényane, dont les pères se sont battus ensemble pour l’indépendance avant de se déchirer.

In fine, il revient de constater que, de cette union, lorsque Uhuru Kenyatta va gagner en stabilité pour son second mandat, ce qui va bénéficier à l’économie, Raila Odinga pourrait obtenir les réformes structurelles qu’il réclame depuis longtemps, notamment donner moins de pouvoir au président. Mais tout cela a un seul dénominateur commun qui s’appelle l’intérêt de la nation.
Vivement que les acteurs politiques togolais en prennent de la graine !

Dieudonné Korolakina