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Finance / « Le FMI à Lomé pour discuter de l’opportunité d’ouvrir le capital de certaines entreprises publiques »

En visite au Togo du 27 mars au 9 avril, une équipe du FMI aura pour mission principale de proposer des solutions permettant de poursuivre l’assainissement des finances publiques et encourager les actions en faveur de l’économie locale. Le FMI avait réalisé une mission de revue en octobre 2017. Les conclusions de cette dernière avaient été plutôt favorables et saluaient les efforts réalisés notamment en matière de modernisation des infrastructures.

Cette nouvelle visite aurait pour objectif de proposer des solutions permettant d’accélérer le développement social du pays, principal engagement du président pour le quinquennat en cours (2015-2020). Selon des sources concordantes, le FMI devrait notamment suggérer comme solution l’ouverture du capital de certaines entreprises publiques togolaises. La dernière mission de l’institution émanant des accords de BrettonWoods avait également soulevé « la nécessité d’améliorer davantage le climat des affaires et d’encourager les investissements privés ». Si cette solution semble être proposée, le nom des entreprises éligibles reste encore inconnu. Cependant, en faisant un premier tour d’horizon, le cas de certaines entreprises togolaises telles que Togo OilCompany S.A, la compagnie énergie électrique du Togo (CEET), le Port Autonome de Lomé ou encore Togotelecom pourrait être examiné.

L’ouverture au capital des entreprises publiques, une solution pour renforcer la performance des entreprises publiques selon le FMI

La prise de participation d’acteurs privés au sein d’une entreprise publique s’impose notamment lorsque ces dernières connaissent des difficultés de rentabilité et de compétitivité. Par exemple, en avril 2003, le Nigéria a lancé un processus d’ouverture du capital de la Power Holding Company of Nigeria (PHCN), la compagnie nationale d’électricité. Celle-ci a été divisée en dix sociétés de production et cinq sociétés de distribution. Cette ouverture de capital aurait rapporté au total environ 2,5 milliards de dollars à l’État nigérian. Elle s’imposait notamment dans un climat de pénurie d’électricité ayant un impact direct sur l’économie nationale. Bien que le processus soit relativement long ce qui pourrait altérer les points positifs d’une telle action du point de vue des usagers, de très nombreuses entreprises ont permis de rebondir et d’aborder l’avenir plus sereinement suite à une ouverture de capital.

Partant d’un constat général, une ouverture au capital permet d’améliorer la gestion des finances et la compétitivité de l’entreprise en question notamment en ce qui concerne les opérateurs historiques. En effet, en tant qu’acteurs monopolistiques, ces derniers ne bénéficient pas des bienfaits d’une concurrence ouverte à savoir porter leurs services vers une innovation constante ou encore pousser à adopter des méthodes de bonne gestion. Pour exemple, Maroc Telecom (ex- Mauritel) est devenu l’une des sociétés de télécommunications les plus dynamiques d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale à la suite d’une ouverture de capital réussie. Déficitaire au moment de son rachat en 1999, son chiffre d’affaires de 2017 d’un montant de plus 15 milliards de dirhams (869.50 milliards de Franc CFA) témoigne de son succès. De ce point de vue, une ouverture au capital pourrait combler certaines lacunes et mettre fin à un protectionnisme étatique devenu infructueux pour certaines d’entre elles. Par conséquent, l’ouverture au capital permettrait en plus d’aider à l’assainissement des finances publiques de l’Etat, de responsabiliser ces entreprises et d’offrir un panel de service plus large et plus efficaces aux usagers.

L’ouverture au capital, un outil de modernisation courant

Bien qu’une ouverture de capital puisse s’apparenter à un changement radical, cette opération permet de moderniser profondément les entreprises publiques. D’un point de vue social, une cession permet de transformer une politique managériale dépassée afin d’apporter de nouveaux challenges aux salariés et de promouvoir leurs talents. En réactualisant les activités de l’entreprise, une nouvelle politique sociale peut voir le jour et permettre notamment des évolutions hiérarchiques tout en étant générateur d’emplois. Ainsi, il conviendra au gouvernement togolais de trancher la question et de peser le pour et le contre des intérêts pour l’économie du pays. Il lui incombera de prendre en compte notamment l’efficacité d’une telle mesure sur la confiance des investisseurs qui est nécessaire de renforcer, sur les finances publiques afin de poursuivre un assainissement en bonne voie ainsi que de dynamiser les opportunités économiques et sociales à moyen et long terme. Cette vague d’ouverture de capital pourrait également permettre à certains fleurons nationaux de s’élever au rang des standards internationaux avec l’ensemble des bénéfices que cela engendrerait pour le pays. D’autant plus que le recours aux opérations d’ouverture de capital est monnaie courante. Elles permettent de faire évoluer des entreprises publiques et d’émanciper l’Etat financièrement en lui permettant de se recentrer sur des projets sociaux ambitieux. Enfin, il conviendra de connaitre le degré de d’ouverture de capital envisagé : partielle ou totale ? L’Etat restera-t-il majoritaire ? Les conclusions de la mission envoyée par le FMI qui sera rendue dans les prochains jours et le dévoilement de la stratégie envisagée par le gouvernement qui en découlera devraient répondre à ces interrogations.