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Justice communautaire : Après Sébastien Ajavon, la Cour africaine des droits de l’Homme vole au secours de Guillaume Soro

Guillaume Soro

Dans le camp de l’ancien Premier ministre ivoirien, l’on salue une décision historique, signe de triomphe de la vérité. Et si du côté de la majorité au pouvoir, l’on semble ne pas accorder une grande importance à cette décision, tout porte à croire que la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples a choisi un timing parfait pour prendre des décisions fortes à un point culminant d’une crise sanitaire mondiale où l’élan de bienveillance des gouvernants est la chose la mieux partagée en politique.

Décidément, l’on serait tenté de conclure que la Cour africaine des droits de l’Homme se fait depuis quelque temps très protectrice des droits des opposants en Afrique de l’Ouest. En effet, après l’opposant Sébastien Ajavon au Bénin, la semaine dernière, la Cour d’Arusha vole au secours de Guillaume Soro et de 19 de ses co-accusés dans l’affaire de tentative de déstabilisation de l’Etat et de détournement de deniers publics.

Dans son argumentaire de près de 6 pages, la haute institution des droits de l’homme, qui agit également comme une cour de justice, note qu’à six mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire supposée se tenir fin octobre, et alors que Guillaume Soro est candidat, « l’exécution des mandats d’arrêt et de dépôt contre des personnalités politiques […] risque de compromettre gravement l’exercice des libertés et droits politiques des requérants ».

De ce fait, elle ordonne, non seulement la suspension de  l’exécution du mandat d’arrêt lancé contre Guillaume Soro depuis décembre 2019, mais aussi la libération provisoire des 19 personnalités détenues comme complices. Il s’agit des députés Alain Lobognon, Kanigui Soro, Camara Loukimane, Yao Soumaïla et Soumahoro Kando. Parmi ces requérants figurent aussi Tehfour Kone, candidat malheureux aux municipales de l’an dernier à Abobo, Soul to Soul, le directeur de protocole de Guillaume Soro, ou encore Félicien Sekongo, président du petit parti MVCI.

A cette « victoire d’étape » que vient de remporter Guillaume Soro contre son ancien mentor Alassane Ouattara, l’on se pose naturellement la question de savoir si cette décision de la CADHP serait suivie d’exécution. Car comme on le sait déjà au Bénin, cette Cour a plusieurs fois énoncé des arrêts condamnant l’Etat béninois mais ce dernier ne s’est jamais exécuté.

Longtemps allié du président Alassane Ouattara, qu’il a aidé à porter au pouvoir pendant la crise post-électorale de 2010-2011, Guillaume Soro était devenu Premier ministre, puis président de l’Assemblée nationale. Devenu depuis peu challenger le plus sérieux pour la présidentielle d’octobre prochain, Guillaume Soro s’est empressé de s’adresser à sa cible, la jeunesse sur twitter en disant : « Je remercie Dieu ce jour. Il a inspiré les magistrats INTÈGRES de la Cour africaine qui viennent de rendre une décision historique. Ils ont honoré leur serment en disant le droit qui rétablit mes compagnons et moi dans nos droits ».

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