Voulez-vous faire couvrir un événement par Togo Matin?

Le « diplomatiquement incorrect » de Alpha Condé

Alpha Condé

Depuis le passage en milieu de semaine dernière des facilitateurs de la crise togolaise, Nana Akufo-Addo et Alpha Condé à Lomé, beaucoup d’encres et de salives coulent toujours consécutivement au communiqué ayant sanctionné les travaux avec la classe politique togolaise, et en l’occurrence « leur souhait » adressé à la classe politique togolaise de voir les élections législatives se tenir au Togo vers fin novembre 2018.

Et c’est en pleine querelle autour des lexiques, des connecteurs logiques, des temps verbaux …contenus dans ledit communiqué, querelles opposant les acteurs togolais, que l’un des facilitateurs de la crise, le président Alpha Condé a jugé bon et judicieux de faire une sortie médiatique pour recadrer les débats, sinon, pour les relancer, consciemment ou inconsciemment. « Nous n’avons jamais appelé à des élections aux Togo. L’opposition accuse le pouvoir de préparer des élections sans consensus.

Nous avons demandé au pouvoir d’arrêter la préparation des élections. Évidemment, il serait irresponsable de notre part de ne pas donner une date indicative. Nous avons seulement donné une date indicative. Il faut que cela soit clair, nous n’avons pas appelé à des élections au Togo…. », disait en effet Alpha Condé dans un entretien avec la Télévision France 24.

Probablement, le facilitateur Alpha Condé a dû ainsi user des dernières cartes de sa bonne foi pour montrer son attachement à réussir sa mission de facilitation au Togo. Mais avouons qu’il embrouille davantage les esprits et donne à peine des bribes de lumière pour toucher du doigt la finesse et la quintessence du message livré par la co-médiation ghanéenne et guinéenne à travers ce communiqué.

D’abord, il n’est pas « diplomatiquement correct » de revenir se fondre comme dans  des  justifications  sur  le contenu d’un communiqué dont on a participé à la rédaction. Et à plus forte raison, un communiqué conjoint, entre plusieurs parties.

Ensuite, l’on est fondé de se demander à quoi sert une date indicative dans un contexte politique aussi tendu et très bipolarisé ? In  fine, à quoi cela sert-il d’insister sur « le consensus » entre acteurs politiques et de proposer une date pour les élections ?

Dans le contexte de crise actuelle où les sujets politiques et juridiques forment un nœud  difficile  à  défaire,  le mandat des députés actuels prend  fin  en  août  et  beaucoup d’observateurs appellent à la prorogation de leurs mandats comme l’indique la Constitution. Et la non tenue des élections législatives de 2018 pourrait bien résulter d’un report décrété par la Cour constitutionnelle dans les conditions prévues toujours par la Constitution elle-même. Or, cette institution garante de la Constitution, en vertu des prérogatives qui lui sont conférées, a saisi le gouvernement et la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à se saisir de leur bâton de pèlerin de sorte que les élections se tiennent avant la fin de l’année.

C’est aussi sous cette considération que nous proposons à tout facilitateur d’aborder la problématique particulière de la situation que créerait l’hypothétique non tenue des élections législatives de  2018,  notamment  dans  ses composantes juridiques liées au texte de la Constitution et à la « jurisprudence » de la Cour constitutionnelle.

Dieudonné Korolakina