Avec un score microscopique d’environ 9% des suffrages exprimés, le président sortant Hery Rajaonarimampianina a été mis devant le fait accompli. Des mois de frondes et de contestations sociales et politiques ont fini par avoir raison de lui. Et malgré les tentatives de l’opposition et du Parlement de le mettre hors-course, le président sortant aura tenu les câbles jusqu’au bout.
La rue, ou ce qu’elle est devenue depuis plusieurs mois au Madagascar, a fini par emporter indirectement Hery Rajaonarimampianina. Fortement contesté même jusque dans son propre parti, le président malgache, élu en 2013 croyait avoir toujours l’onction de ce peuple. Et pourtant, c’est sur un bilan économique très mitigé que le président sortant a battu campagne dans le pays, allant jusqu’à distribuer de l’argent contre des voix, comme relevé par la mission d’observation électorale de l’Union européenne.
Lui, qui s’était targué d’avoir été élu par le peuple, face à la persistance de la contestation, et malgré la tentative de destitution introduite par l’opposition devant la Cour constitutionnelle en avril 2018. « Je suis président par la volonté du peuple malgache, il y a des millions de personnes qui ont voté pour moi, c’est vraiment trahir cette volonté du peuple malgache que de démissionner », avait-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
À sept mois des élections générales, le chef de l’Etat était confronté à une fronde inédite depuis son arrivée au pouvoir fin 2013. Ses adversaires l’accusaient de vouloir les faire taire, notamment par le biais de nouvelles lois électorales jugées partiales.
Aujourd’hui, c’est ce même peuple qui lui barre la route pour un second mandat. Il devrait donc assister à la confrontation du second tour de ses anciens adversaires, eux-mêmes anciens présidents du pays. Selon les résultats provisoires proclamés par la Ceni Malgache samedi 17 novembre 2018, Andry Rajoelina vient en tête avec 39,19 %. Il est talonné par Marc Ravalomanana, crédité de 35,29% des voix.
Seuls six des 36 candidats dépassent les 1%. Le quatrième, André Christian Dieudonné Mailhol dit Pasteur, plafonne à 1,27%. Le chanteur Dama, du célèbre groupe malgache Mahaleo, reste à 0,33%, tandis que l’ancien président Didier Ratsiraka,surnommé l’Amiral rouge, ne dépasse pas les 0,45%.
Avec un peu d’honneur et de dignité, le président sortant Hery Rajaonarimampianina devra donner des consignes de vote pour ce second tour. Peut-être le fera-t-il pour soutenir son ancien allié de 2013, Andry Rajoelina qui est d’ailleurs en tête. Mais cet honneur passera aussi par une reconnaissance publique de son échec et de son retrait de la vie politique, au lieu de mettre de l’énergie inutile dans la contestation des résultats ainsi proclamés.
Alexandre Wémima
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