Voulez-vous faire couvrir un événement par Togo Matin?

Mali/Appel à démission du président IBK : la Cedeao va-t-elle céder à la revendication principale des manifestants ?

Ibrahim Boubacar Keita
Après moult échanges entre les experts de la mission conduite par l’ancien président Goodluck Jonathan et les représentants du mouvement de contestation, pas un seul point de consensus n’a été trouvé. Face à la principale revendication des manifestants, notamment la démission du président de la République, les experts de la Cedeao n’ont pu proposer une alternative crédible aux yeux du mouvement. Ceux-ci renforcent donc la pression sur le gouvernement en appelant à une désobéissance civile ce lundi 20 juillet 2020.

L’appel à la désobéissance civile a été presque très bien suivi à Bamako. Des manifestants ont perturbé la circulation à certains carrefours en brûlant des pneus et en installant quelques barricades, mais les trois ponts de la capitale n’ont pas été coupés et la circulation restait fluide. Le dispositif des forces de sécurité était bien visible, mais aucun heurt n’a été signalé.

Pour le mouvement, la mission de la Cedeao n’est pas venue discuter. Car dans le plan de sortie de crise proposé par la mission, aucun ou presqu’aucun point de revendication du mouvement n’a été inscrit à l’ordre du jour.

Pour Choguel Maïga, l’un des porte-parole du mouvement d’opposition, le communiqué final sanctionnant les échanges avec les experts de la Cedeao est un non-événement. Il s’élève notamment contre l’argument qui a été avancé par la Cedeao, selon lequel demander la démission du chef de l’État, réclamée par le M5-RFP, n’est pas constitutionnel. « Je pense que la Cedeao a d’abord commis une erreur d’analyse. Elle est restée très superficielle dans son approche. Elle a réduit toute la crise malienne au deuxième tour de l’élection présidentielle. Or ça, ce n’est que la partie visible de l’iceberg. En réalité, c’est l’étincelle qui a mis le feu aux poudres, mais c’est plus profond. Le fond de la crise fait que le régime a échoué dans tout ce qui a été prévu… ».

Face à l’intransigeance affichée des experts de la Cedeao sur la démission du président IBK, le porte-parole rappelle comment, la Cedeao a, en 2012, obtenu la démission du président Amadou Toumani Touré. Et pour l’heure, les manifestations vont plutôt s’accentuer jusqu’à la démission du président Ibrahim Boubacar Keita.

Du côté de la Cedeao, l’on reste optimiste. La mission a été certes, un échec, mais le dialogue n’est pas rompu, selon le président de la commission de la Cedeao. « Puisque le dialogue continue, nous espérons qu’avec nos frères du M5-RFP, nous allons arriver à trouver le dénominateur commun qui nous permette de poursuivre les réformes », affirme Jean-Claude Kassi Brou, le président de la commission de la Cedeao.

Les analystes craignent une escalade de la crise, voire un pourrissement. Peut-être un sommet extraordinaire sur la crise malienne pourrait être organisé pour tenter de trouver une solution. Même dans ce cas de figure, la Cedeao pourrait-elle rééditer l’exploit de 2012 et obtenir le départ d’un président démocratiquement élu ?