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Mali/Terrorisme : Quelle rançon pour obtenir la libération de l’opposant Soumaïla Cissé et de sa délégation?

Soumaïla Cissé, chef de file de l'opposition malienne

Officiellement enlevé par un groupe armé alors qu’il devait se rendre dans un village de la circonscription électorale de Niafunké, dans le cadre de la campagne des législatives, le chef de file de l’opposition malienne Soumaïla Cissé et sa délégation seraient détenus par des hommes armés qui auraient fait usage de coups de feu pour séquestrer leurs victimes dans une zone où opèrent depuis plusieurs mois, des djihadistes affiliés à Al-Qaida. En scrutant le mode opératoire de ces derniers, il est logique de se demander la rançon qui sera exigée pour libérer l’opposant malien.

Le convoi composé d’une dizaine de personnes dans deux véhicules était vers la localité malienne de Saraféré, située sur la rive droite du fleuve Niger. L’arrêt s’est passé sans encombres, mais lors de la seconde étape qui devait conduire l’équipe dans la localité de Koumaïra, des hommes armés sont intervenus, selon un élu. Des coups de feu auraient été entendus et toute l’équipe a disparu.

Environ 24 heures après, 5 membres de la délégation ont été retrouvés, parmi lesquels 4 blessés. Le garde du corps de l’opposant, lui, n’a pas eu cette chance et est décédé.

Soumaïla Cissé lors de la campagne électorale

Soumaïla Cissé, quant à lui, se porterait bien, selon le responsable de la cellule de crise du parti politique Maître Demba Traoré. Mais jusque-là, les recherches du gouvernement, appuyées par les forces de la Minusma n’ont rien donné.

En moins de 2 semaines, cela fera la deuxième grande personnalité malienne enlevée dans le pays. Le 17 mars dernier, des hommes armés avaient également enlevé Mohamed Ag Ahmed, le candidat aux élections législatives du parti Rassemblement pour le Mali (RPM, au pouvoir) dans le cercle de Niafunké. Il avait été libéré 24 heures plus tard.

On pourra dire que les djihadistes ont opéré « un grand coup » ! A défaut de frapper et de tuer des victimes par centaines, les djihadistes ont désormais dans leurs filets, une personnalité d’envergure, qui pourrait être une bonne monnaie d’échange entre eux et le pouvoir de Ibrahim Boubacar Keïta.

Mais dans le silence des kidnappeurs, il y a lieu de se demander d’ores et déjà les mobiles de cet enlèvement. L’enlèvement de Soumaïla Cissé serait-il l’acte qui devrait attirer l’attention du président IBK qui avait promis un dialogue avec les groupes djihadistes en février dernier ?

On se rappelle, le 10 février dernier, le président malien prônait sur RFI le dialogue avec les chefs djihadistes actifs dans son pays. Ce changement de stratégie avait été critiqué par bon nombre d’analystes et considéré comme un constat d’échec de la méthode employée jusqu’ici.

Des contacts avaient été établis avec des djihadistes pour un échange de prisonniers. Ce fut notamment le cas il y a un an, lorsque l’ancien commissaire de la police islamique de Gao a été extrait de sa cellule contre la libération d’un préfet et d’un journaliste. Mais à l’heure actuelle, les discussions tant attendues n’ont pas eu lieu et l’on se demande si ce n’est pas pour forcer la main au président malien sur ce sujet.