Voulez-vous faire couvrir un événement par Togo Matin?

Manifestation du PNP samedi dernier / Pourquoi c’était un fiasco

Des militants du PNP lors d'une manifestation (archives)

Pour tous les observateurs, c’était un échec, c’était une cause perdue, la marche organisée par le Parti National Panafricain (PNP) de Tikpi Atchadam, le samedi 13 avril dernier à Lomé et dans des villes de l’intérieur du pays. Si la machine PNP est aujourd’hui paralysée, c’est parce que le parti au cheval blanc – que d’autres leaders de l’opposition ont adoubé et porté haut à un moment donné – répugne à faire une lecture réaliste et pragmatique de la situation aujourd’hui. Résultat ? Un pschitt patent et cuisant !

Par choix autant que par caractère, le PNP a cru bon vouloir rééditer le scénario ubuesque du 19 août 2017, en foulant au pied les négociations et autres dispositions qui caractérisent la vie politique, la liberté de manifester ici. Sauf que cette fois ci, ce n’est pas seulement la date qui a changé, mais on est passé en réalité du 19 au 13, mais plusieurs facteurs et paramètres étaient à prendre en compte pour ce parti aujourd’hui en marge de la dynamique unitaire de l’opposition.

Pendant que la Coalition des 14 partis de l’opposition s’enlise dans une aberrante frigidité, tous les Togolais tirent à boulets rouges sur les responsables de ce regroupement. Mais peut-être faudrait-il aussi envoyer une bordée particulière au PNP ? Parti membre de la C14, son égocentrisme débordant– aux dires de bien de membres de la formation a précipité la chute et la rupture au sein de la Coalition.

Comme pour mieux afficher et revendiquer son autolâtrie, le PNP voulait faire cavalier seul en lançant en son propre nom, une marche à travers plusieurs villes du pays, le samedi 13 avril dernier. Maintenant que l’échec est consommé, il doit assumer sa part de responsabilité et tirer la conclusion qu’il faut de l’évolution du jeu politique depuis le 19 août 2017 jusqu’à ce jour. Ou plutôt, sa totale régression sur l’échiquier politique.

Déjà quel bilan le PNP établit-il de ses actions depuis août 2019 dont il se targue souvent d’être l’instigateur ? Quelle a été la part du PNP dans le marchandage des 30 millions de francs CFA ? Une affaire dont l’aveu du Prof. Aimé Gogué de l’ADDI a plus qu’élucidé, contre la duplicité et les faux-fuyants de certains leaders de l’ex C14. Cette simple affaire a impudiquement fait voler en éclat une coalition censée soudée, travailler avec synergie sur une longue durée.

Voilà que le PNP a voulu passer à côté de ces questions jamais soldées, pour reprendre seul les manifestations, même avec la longue et énigmatique absence du leader ou du Général Tikpi sans lien avec la base. On n’est pas surpris du résultat de la marche du 13 avril annoncée tambours battants.

Des ingrédients pour un 19 août bis
Une marche dans plusieurs villes, surtout dans les fiefs à dominance Tem (du nom de ce regroupement ethnique sur lequel se fondent les mobilisations du PNP), des itinéraires expressément déclinés pour provoquer l’autorité de l’Etat, le refus silencieux de ne pas respecter les recommandations de l’autorité, la sortie du ministre de la Sécurité, l’isolement du PNP qui n’a demandé à aucun autre parti de le soutenir dans cette démarche. Le 13 devait être le 19. Sauf que…
Il y a toutefois des conséquences à se comporter comme un parti au-dessus de la coalition à laquelle on appartient et au-dessus de la vie politique en général, et nous les voyons aujourd’hui. Cette attitude a créé un conflit ouvert entre le PNP et l’ANC de Jean Pierre Fabre, l’ex chef de file de l’opposition et a également laissé un vide à la Coalition. Aujourd’hui, après les législatives du 20 décembre, les responsables de la C14 et certains leaders sympathisants qu’ils ont entrainé ressemblent de plus en plus à des rats de laboratoire.

Certains conspirateurs pensent même que ces types de roué du PNP ont volontairement fait perdre bien d’opportunités à l’opposition et l’ont laissée échouer avec le choix du boycott, dans le cadre des dernières élections législatives de mi-décembre 2018. Le chaos actuel n’en est que le résultat. Avec de telles attitudes, il y a fort à craindre que le refus de collaborer et l’absence de leadership et de vision finissent bien par engloutir le PNP.

Les garde-fous du gouvernement
Le gouvernement par la voix de son porteparole dans les périodes incandescentes de la crise avait déclaré : « il n’y aura plus de 19 août dans notre pays ». En réalité, il s’agissait pour le gouvernement de dire clairement : le scénario du 19 août n’aura plus lieu au Togo. Ajouté à toutes ces données, le fait que la C14 qui était venue in fine au secours du leader aujourd’hui en exil Tikpi Atchadam a rendu l’âme. Cette coalition est du passé malgré les simagrées dignes d’une agonie sans fin.
Rappel. Les manifestations de samedi à Lomé et dans certaines villes du pays, ont fait un mort dans les rangs des manifestants à Bafilo où la manifestation n’était pas autorisée. Le PNP parle curieusement d’un « lourd bilan ». Selon le ministre de l’administration territoriale Payadowa Boukpessi, les manifestations devraient se dérouler que dans la capitale et dans deux villes : Sokodé et Afagnan.
Le ministre de la sécurité, le général Yark Damehame, dans un communiqué a « déploré » l’incident malheureux de Bafilo et a présenté au nom du gouvernement, « ses condoléances les plus attristées à la famille éplorée ».