Voulez-vous faire couvrir un événement par Togo Matin?

Processus électoral au Togo, la recherche de la confrontation ne fera qu’engendrer une situation invivable

Jean-Pierre Fabre

Les derniers développements dans l’actualité politique au Togo laissent sans voix toute personne qui aime son pays. Petit à petit, les Togolais sont en train d’évoluer vers une pente glissante. Comme un jeu, nos compatriotes veulent faire la malheureuse expérience de la machette, de la fronde, de la mitraillette, des lance-roquettes, des fusils d’assaut, des chars et que sais-je encore. On dirait que l’expérience de 2005 ne fait pas réfléchir certains. Les efforts de la Commission vérité justice et réconciliation (CVJR) et celles que déploie actuellement le Haut-commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (Hcrrun) sont totalement méprisés.

Certains activistes de malheur (oui c’est ce qu’ils sont) vont jusqu’à demander aux Togolais de préparer des armes blanches pour en découdre avec qui l’on ne sait. D’autres disent : « nous faudra-t-il encore une autre CVJR ? ». C’est dire que des gens sont prêts à nous ramener à des années-lumière en arrière. Mais, dites-nous messieurs les politiciens avides et activistes de malheur : avez-vous calculé la durée et les conséquences de ce que vous envisagez ?

Il ne sert à rien de pousser les enfants des autres dans l’abîme pendant que les  vôtres  sont  bien  en sécurité pour venir jouer aux anges le dimanche dans une église. Il ne sert à rien de s’attaquer à un chef religieux tout simplement parce qu’il préfère garder sa  réserve  plutôt  que  de prendre position dans la crise politique. Au Togo, pour certains compatriotes, on n’a pas le droit de voir les choses autrement. Les autres sont les diables et eux sont les bons. Certains acteurs membres de la Coalition des 14 ont souvent déploré cette attitude, mais aujourd’hui se taisent parce qu’ils en profitent politiquement. Où voulez-vous nous mener ?

À la guerre ? Alors allez-y et bonne chance. Qu’il n’y ait seulement pas de regrets à  la  fin,  parce  qu’il  serait malheureux de prendre un détour tortueux et de se rendre compte après qu’on s’est trompé. Ceux qui en ont fait l’expérience ne nous encourageraient jamais à y aller. Certains continuent jusqu’à ce jour de vivre les graves retombées de leurs propres entreprises.

D’autres ne savent même plus quoi faire pour sortir de ce cauchemar. Après vous n’êtes même pas sûr d’obtenir cette « pseudo libération » dont vous parlez. En tout cas, nos parents, nos frères et sœurs n’en veulent pas.

Si des années de confrontations n’ont rien donné dans ce pays, comprenez-le une fois de bon, chers politiciens et activistes des réseaux sociaux, ce ne sera jamais la solution. Le pouvoir a peut-être tort de poursuivre le processus électoral. En tout cas ce n’est pas ce que pensent les membres du parti au pouvoir. Pour eux, ils ont assez fait de concessions.

La Coalition a certainement de bonnes raisons de camper sur ses positions. Mais, rien ne justifiera jamais ces actes de barbaries visant à utiliser des morts à  des  fins  de  marketing politique. Quels que soient les intérêts en jeu, il est possible de trouver un terrain d’entente. L’important, c’est d’abandonner le sensationnel, de revenir sur terre et de tenir un langage réel. Chercher à aller à l’affrontement ne sera que contre-productif, personne n’en sortira gagnant.

Lorsqu’on décide de boycotter une activité quelle qu’elle soit, on reste à l’écart tranquillement et on laisse ceux qui sont intéressés y prendre part. Après on fera le bilan et chacun pourra tirer les conclusions. Tous les Togolais ne sont pas contre le processus électoral en cours, il y en a qu’adhèrent pleinement. Aucun régime n’acceptera une situation de non-droit où une institution aussi importante comme le Parlement reste aussi longtemps sans être renouvelé. Après c’est l’opposition qui criera à l’illégalité pour en tirer profit.

Le pouvoir n’est pas dupe. Vous n’avez pas affaire à des novices, messieurs de l’opposition. Ce sont de vieux routiers. Il fallait donc accepter le minimum concédé par le régime vu, que la Coalition n’a pas les moyens d’imposer ses positions, si ce n’est de faire souffrir des innocents inutilement. A défaut de ce qu’on veut, on se contente de ce qu’on peut avoir selon ses moyens, le reste suivra.

Apprenez aux Togolais à être patients et montrez-vous plus  efficaces  et  réalistes prochainement pour ne pas engendrer des peines inutiles à nos compatriotes dont beaucoup ne comprennent rien et se laissent manipuler.

Edem Dadzie