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RDC/Justice : Détention de Vital Kamerhe, le silence coupable du président Félix Tshisekedi

Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe

Placé sous mandat de dépôt puis transféré à la prison de Makala depuis le 8 avril 2020 dernier, le chef de cabinet de la présidence congolaise, Vital Kamerhe est soupçonné de gestion opaque des fonds alloués pour l’exécution du programme des 100 jours du président Félix Tshisekedi. Mais depuis, son allié, garde un silence assez étonnant sur le dossier. Volonté de laisser faire la justice ? Ou règlement de compte avec un allié devenu trop gênant ? De toute façon, le président Tshisekedi a l’occasion, avec ce dossier, de montrer sa réelle volonté de promouvoir un Etat de droit et de lutter contre l’impunité, d’où qu’elle vienne.

Difficile de conclure à un règlement de compte entre alliés au somment de l’Etat. Car, si le président de l’UDPS, Félix Tshisekedi et son allié de l’UNC, Vital Kamerhe se sont dit « Oui » en novembre 2018 pour un accord avant la présidentielle de décembre 2018, il n’est pas exclu que face aux défis de l’heure, le président Tshisekedi en vienne à revoir unilatéralement les clauses de cet accord.

Faute de dénoncer cette alliance de circonstance de Nairobi en 2018, Félix Tshisekedi aurait –il choisi la voie de l’intégrité pour traîner son allié dans la boue ?

Le soupçonnerait-il lui-même d’avoir géré de façon opaque ce dossier dont il s’est fait personnellement le porteur et le garant devant les Congolais quelques semaines après son investiture ?

De toute façon, le silence, à ce jour, du président Félix Tshisekedi laisse la place aux spéculations les plus fertiles sur ce dossier. Mais de toute évidence, le chef de cabinet aurait commis plusieurs gaffes qui lui auraient valu cette détention. Pour Fidèle Babala, secrétaire général adjoint du Mouvement de Libération du Congo (MLC) de l’ancien chef rebelle Jean-Pierre Bemba, « Monsieur Kamerhe a peut-être commis des fautes. Mais ça, c’est à la justice de le prouver. Qui s’acharnerait contre lui? Les gens s’agitent de manière prématurée. Qu’on laisse la justice faire son travail. On verra bien s’il est innocent ou pas ».

Sous d’autres cieux dit-on, le président de la République aurait demandé à son chef de cabinet de « démissionner et de se mettre à la disposition de la justice, le temps que cette affaire soit tirée au claire ».

En attendant, l’instruction du dossier suit son cours et plusieurs chefs d’entreprises et personnalités politiques ont été écroués. Pour les organisations de la société civile congolaise en particulier l’Association d’accès à la justice, cette affaire est un test grandeur nature pour le président Tshisekedi qui a fait de la lutte contre la corruption et l’impunité, son cheval de bataille. « L’ACAJ salue la qualité appréciable du travail abattu ces jours par le parquet général près de la Cour d’appel de Kinshasa. Nous allons continuer à apporter notre soutien à notre justice, qui est en train d’écrire une nouvelle page aujourd’hui dans le cadre de la lutte contre l’impunité, principalement des crimes économiques. ».

Il est à rappeler que Vital Kamerhe s’était désisté en faveur de Félix Tshisekedi avant l’élection présidentielle du 30 décembre 2018. Un accord politique a été scellé entre les deux hommes dans le cadre  de la plate-forme Cap pour le Changement (Cach), qui gère les affaires du pays avec le Front commun du Congo (FCC) de Joseph Kabila.