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Réactions après la fin des travaux du comité de suivi, les aveux d’échec du « bélier noir »

Yaovi Agboyibor

L’issue de la réunion du comité de suivi de la feuille de route de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) à Lomé mardi dernier n’a pas du tout été tendre pour le président du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR). La réaction qu’il a eu à la sortie de la salle, semble indiquer de la déception, de la colère, mais aussi un certain regret pour le temps et l’énergie dépensés, pas seulement depuis le 19 août 2017, mais depuis le début de l’ère dite de lutte pour la démocratie au Togo.

« Le bélier noir » comme l’appellent affectueusement bon nombre de nos compatriotes, n’en revenait pas. Non seulement ses collègues qui sont au-devant de la Coalition n’ont pas eu le courage de quitter la salle comme il souhaitait le faire, mais aussi le relevé de conclusions paraissait indigeste. Le regret est tellement perceptible qu’on pouvait l’entendre  dire, « la lutte n’est pas encore perdue, il faut la réorienter».

Réorienter la lutte ? Mais dans quel sens ? Seul maître Agboyibor est en mesure de répondre. Toutefois, on se rappelle que des observateurs et des leaders d’opinion dont des journalistes ont à maintes reprises conseillé aux leaders de l’opposition de changer de stratégie. Malheureusement, la même stratégie a été utilisée depuis des années, sans succès. Mais les concernés refusent toujours de tirer les leçons qui s’imposent. Et gare à vous si vous essayez de leur faire la remarque.

Il certes vrai que des leaders comme maître Yaovi Agboyibor se sont fait grillés en essayant de ramer à contre-courant, mais lui aussi a plein de choses à se reprocher dans cette lutte qui devient plutôt un fonds de commerce. En 1994, on se rappelle que le CAR et l’UTD de Edem Kodjo avaient la majorité à l’Assemblée nationale, mais ces deux partis ont été incapables de travailler ensemble pour faire avancer le débat. Ce qui est sûr, c’est que ce fut de la déception. Et par la suite l’on a vu toutes les mésententes qui ont empêché l’opposition de créer les conditions d’une alternance pacifique et négociée et ce ne sont pas les occasions qui ont manqué.

En effet, vu le parcours du Togo, les Togolais en général, les militants de l’opposition et leurs leaders, doivent comprendre que l’alternance au Togo doit être la résultante d’un travail de fond et de longue haleine. Les mentalités aussi doivent changer. Les animosités aussi doivent s’estomper. Donc logiquement, si le président du Car parle aujourd’hui d’une réorientation, il a complètement raison. Le plus tôt sera le mieux, afin d’éviter de plus grands regrets dans les années à venir.

Edem Dadzie