Comme on pouvait s’y attendre, la coalition des 14 a mis sa menace à exécution en maintenant son appel à manifestation. Mais le gouvernement dans sa logique de faire respecter les engagements auxquels ont souscrit toutes les parties au dialogue, a pris des dispositions pour maintenir l’ordre et permettre à la population dans son ensemble de vaquer librement à ses occupations.
Devant le refus des leaders et de leurs militants d’obtempérer, on a assisté à des barricades, jets de projectiles, jets de gaz lacrymogènes, courses poursuites, affrontements, arrestations. C’était prévisible et la coalition savait que cela ne pouvait finir que de cette façon. Mais au lieu de raisonner ses militants et leur indiquer la meilleure voie à suivre, elle a préféré faire plaisir aux pulsions de la foule de crainte de se voir désavouer.
L’échec de la journée d’hier doit faire comprendre à la coalition et à ses militants qu’il est temps de changer de fusil d’épaule. Si au bout de six mois de mobilisation, Faure Gnassingbé est toujours au pouvoir, ce n’est pas cette semaine qu’il partira. En tout cas légalement, il est encore là jusqu’en 2020. Le mieux aujourd’hui, et plusieurs voix autorisées l’ont dit et continuent à le clamer, c’est de parvenir à s’entendre sur la réalisation des réformes institutionnelles, constitutionnelles et électorales pour des élections transparentes et apaisées. Le reste ne relève que de la démagogie et du cinéma. Et il est dommage que la majorité de ceux qui descendent dans la rue ne comprennent pas les vrais enjeux et se laissent entraîner vers la poursuite du vent.
La candidature de Faure Gnassingbé ne doit pas être un frein à la réussite du dialogue en cours. Si l’opposition laisse ce sujet maintenir le statu quo, elle aura prouvé aux yeux de tous qu’elle ne se soucie pas du peuple au nom duquel elle affirme s’exprimer. Des personnalités et non des moindres ont déjà été claires sur le sujet : pour elles, si le président actuel le souhaite, il pourra se représenter. Autant abandonner cette position pour avancer, au risque de créer un blocage préjudiciable au peuple.
En retournant à la rue aujourd’hui, à quoi veut aboutir la coalition ? Le départ de Faure, suivi d’une transition et des élections ? Ou bien une guerre civile? Parce que le parti au pouvoir aussi a des militants qui n’entendent pas se laisser faire. On voit d’ailleurs les antagonismes s’exprimer sur les réseaux sociaux avec virulence et le risque de les voir se transposer dans la réalité est fort. Les militants de la coalition doivent se désolidariser de cette attitude et renvoyer leurs leaders vers la table de discussion pour trouver un compromis salutaire.
Edem Dadzie