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Acquittement de Bemba, ce discrédit pour acheter la paix au Congo ?

Jean-Pierre Bemba

L’acquittement de Jean-Pierre Bemba à la Cour pénale internationale a fait souffler à la fois le chaud et le froid, a suscité indignation et joie, selon le côté où l’on se trouve. Au lendemain de ce revers inattendu et incroyable, ils sont nombreux les analystes et politologues qui voient derrière ce renversement de situation, une stratégie de la communauté internationale pour apporter de l’oxygène aux actions de l’opposition congolaise en vue d’arriver à bout du pouvoir du président Joseph Kabila.

A juste titre, le porte-parole de Moïse Katumbi, candidat à la présidentielle, estimait dans …la foulée de cette « bonne nouvelle » que « la sortie de Bemba de la CPI  peut  augurer  la  fin de la mascarade Kabila et de ses procès fumeux intentés à ses opposants ». Mais selon un conseiller du chef de l’Etat, le retour de Jean-Pierre Bemba est la « dernière carte » de « certains Occidentaux qui cherchent à tout prix à défenestrer le pouvoir kabiliste. Ils ont essayé avec l’opposition interne et ont même soutenu un transfuge du pouvoir, Moïse Katumbi. Puis ils ont tenté avec l’Eglise, le parti politique le plus puissant de RDC ». Mais « je ne crois pas que les Congolais choisiront un nouveau Mobutu car c’est ce qu’il est, en pire ».

Mais ces hypothèses, bien que contradictoires, semblent trop simplistes et irréalistes car ignorant des réalités du jeu sur la scène de la géopolitique avec la prise en compte des rapports de force et des intérêts des uns et des autres. Et c’est peu dire que de parler d’intérêts déterminant les rapports entre Etats, dans le cas de « la richissime » République démocratique du Congo.

Autrement, comment peut-on concevoir l’hypothèse d’un acquittement de Bemba dans l’optique de fragiliser le pouvoir de Kabila, sans que ce dernier ne soit  mis  en  confidence par – ne serait-ce – qu’un seul groupe d’intérêts participant à des prises de décisions, ou encore à des machinations ou manipulations des cartes dans des instances mondiales de la trempe CPI. Il est impensable que Kabila n’ait été informé en amont.

Et si nous admettons alors que la puce lui a été mise en amont à l’oreille, il parait donc clair comme l’eau de la roche que, soit ce dernier a déjà pris toutes les dispositions pour affronter comme cela se doit le futur joker de son opposition, ou soit, la méthode et les moyens idoines ont été déjà vendus à Kabila pour combattre cet opposant, ou soit encore – les coups de théâtre n’étant pas exclus du tout en politique – qu’un rapprochement entre Kabila et Bemba soit tramé pour solutionner et apaiser la crise politique qui perdure, qui pourrit et pollue le pays depuis des années.

C’est peut-être l’un des prix forts que la fameuse communauté internationale a choisis de payer, en lieu et place de ce déshonneur, de cet affaiblissement, de ce discrédit…que représente l’acquittement de Bemba.

Dieudonné Korolakina