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Crise politique togolaise, le retour à la case départ est-il la meilleure option dans le contexte actuel ?

Des militants de la Coalition

L’opposition togolaise réunie au sein de la Coalition des 14 vient   d’entreprendre un retour en arrière dans la crise politique que vit le Togo depuis plus d’un an. Pour marquer sa désapprobation vis-à-vis de la facilitation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) et de la communauté internationale dans son ensemble, elle signe son retour à la rue. C’est son droit le plus absolu, le Togo est un Etat de droit, c’est-à-dire régi par des lois et ces lois autorisent les manifestations publiques. Cela doit toutefois se faire dans l’ordre et la discipline. Seulement, une question taraude les esprits : le retour à la case départ est-il la meilleure option dans le contexte actuel ?

Pendant des mois, notamment depuis le 19 août 2017, la Coalition des 14 a mobilisé des milliers de Togolais dans les rues et ceci sur l’ensemble du territoire national. Beaucoup y compris les leaders de ce regroupement voyaient déjà la fin du régime de Faure Gnassingbé. Mais c’est sans compter avec la solidité de son pouvoir, la détermination de ceux qui sont aux commandes, leur volonté de maintenir la stabilité et la paix dans le pays. Sans bien sûr oublier le soutien indéfectible des militants du parti Union pour la République (Unir) mobilisés en bloc derrière leur chef.

Alors, après cet échec de la Coalition, parce que c’est bien de cela qu’il s’agit, il serait impensable pour plusieurs esprits avisés de la voir retourner à ses anciens amours. Pense-telle vraiment pouvoir réussir ce qu’elle n’a pas pu faire pendant plus d’un an avec une forte mobilisation dans le contexte actuel ? Alors récapitulons : la Cedeao à travers les facilitateurs guinéen, le professeur Alpha Condé et ghanéen, Nana Akufo-Addo, ont demandé à tous les acteurs d’intégrer le processus qui va aboutir aux élections le 20 décembre prochain.

La diplomatie internationale soutient ouvertement le processus, parce que voulant voir la crise appartenir au passé. La marche vers les élections se poursuit même en l’absence des représentants de la Coalition au sein de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Elle vient d’ailleurs de réceptionner l’encre indélébile qui devrait servir pour le scrutin à venir. Le gouvernement de son côté, n’étant plus dupe, prend des mesures pour contenir les manifestations qui ne risquent plus d’avoir les mêmes effets qu’il y a quelques mois. C’est dire qu’aujourd’hui, un retour à la rue est vain.

Et pourtant ! Ils étaient dans les rues de Lomé samedi dernier

Suite à une mobilisation des grands jours, mais qui est loin de ce à quoi l’on a assisté au début de cette crise, le chef de file de l’opposition Jean- Pierre Fabre a fait savoir à ses militants qu’ils devraient compter désormais sur eux-mêmes. Mais est-ce possible ? Autrement, l’on aurait déjà assisté à un grand bouleversement au Togo. Il est clair et les leaders de la Coalition le savent très bien, que la diplomatie internationale influence la politique intérieure des pays. Inutile de faire semblant de l’ignorer et de continuer à fatiguer les pauvres populations qui ne comprennent rien à tout cela.

C’est donc contre-productif que de remettre des pancartes aux militants avec des inscriptions demandant aux ambassadeurs du groupe des 5 d’aller « chercher leurs cartes Unir qui sont prêtes » ou accusant la Cedeao de préparer la « guerre civile » au Togo. Les Togolais d’un bord comme de l’autre ont donné assez, il revient maintenant aux politiques d’avancer. Ils doivent travailler ensemble pour mettre en œuvre les recommandations de la Cedeao en matière de réformes. Le reste ne relèverait que de la mauvaise foi et de la mise en avant d’intérêts politiques.

Des membres de la société civile ne veulent plus vivre ce calvaire

Les manifestations que le Togo a connues ont eu des conséquences graves sur le vécu des populations. Les démonstrations ont été faites en leur temps. L’usage quasi quotidien de l’espace public avec des risques de vols, a poussé les commerçants à fermer leur boutique et les entreprises à ralentir leurs activités. La Chambre du commerce et d’industrie du Togo (CCIT) et le Collectif des jeunes pour le développement (CJD) ont d’ailleurs publié des rapports d’études dans ce sens. Récemment, ce sont les organisations de la société civile (OSC) pour une diplomatie non gouvernementale qui ont fait une sortie au cours de laquelle elles ont clairement fait comprendre leur désapprobation par rapport à la reprise des marches au Togo.

Elles demandent aux acteurs de mettre en avant l’intérêt commun et de trouver des voies et moyens pour une résolution rapide et pacifique de cette crise. Ces OSC qui rassemblent beaucoup d’opérateurs économiques se sont plaints d’avoir subi des dégâts importants pendant la crise et n’entendent plus assister à cet état de choses. Elles soutiennent plutôt les mesures prises par le gouvernement dans le sens de la mise en œuvre de la feuille de route de la Cedeao, pour réaliser les réformes et surtout tenir les élections le 20 décembre prochain afin de relancer définitivement le pays.

Malheureusement, certains acteurs politiques n’ont visiblement pas envie de faire des efforts pour avancer. Ils préfèrent apparemment le statu quo et font tout pour qu’il y ait blocage. Et ils sont soutenus par certaines organisations de la société civile. Toutefois, beaucoup de Togolais veulent voir le pays faire de grands bonds dans l’intérêt de tous. Ils veulent voir leurs conditions de vie s’améliorer et ils sont impatients. Heureusement que le gouvernement l’a compris et ne compte plus se laisser distraire.

Edem Dadzie