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Entre élections et manifestations, Emmanuel Macron contre le «statu quo » constitutionnel

Emmanuel Macron

En escale à Abuja pour une visite de trois jours pour parler économie, politique et culture avec Muhammadu Buhari, le président nigérian, Emmanuel Macron celui de la République n’a pas manqué l’occasion de se prononcer, une fois de plus sur la crise politique.

«Le statu quo ne doit pas prévaloir au Togo », a clamé le chef de l’Etat français au micro de Radio France Internationale sur la situation politique dans notre pays. Comme dans ses dernières sorties sur le cas togolais, M. Macron a réaffirmé le soutien de la France à la démarche de l’Union africaine dans le cadre du dialogue inter-togolais. Si, il y a encore quelques semaines seulement lors d’une visite au Canada, le chef de l’Etat français optait nettement en faveur du « verdict du peuple », la déclaration d’Abuja laisse planer une certaine ambigüité dans les esprits.

Le statu quo, tel que M. Macron le dit, reste indéniablement un appel lancé aux protagonistes de la crise politique à un sursaut patriotique tant « ce n’est ni la France, ni des étrangers qui viendront à bout du problème togolais ». Mais au-delà, cette nouvelle formule du jeune président est d’une dextérité inouïe. Le statu quo politique, placé sous la lanterne du juriste fait appel en effet à la chasse d’un vide constitutionnel qui pourrait dépouiller de la République, toutes ses prérogatives.

Comme le souhaitait le chef de l’Etat Faure Gnassingbé de tenir les élections dans les délais légaux, la « non prévalence du statu quo politique » dans notre pays, est une invite aux facilitateurs et aux acteurs politiques à sortir de leur grief relégable aux traditions d’un certain âge. Elle intervient d’ailleurs à un moment propice où, sortie de quelques heures de séances avec les deux médiateurs, la classe politique se dispute encore sur la sémantique de la « date indicative » des élections proposée par la facilitation.

Pourtant, la Coalition menace !

Si les membres du parti majoritaire Union pour la République semblent sereins, la Coalition de l’opposition reste encore abîmée dans une perplexité incommensurable. Au soir du mercredi 27 juin dernier, date de la tenue des travaux du quatrième round du dialogue inter-togolais, Gibert Bawara, le ministre en charge de Fonction publique et de Réforme administrative, également porte-parole du gouvernement à la table ronde informait la presse, de la crainte des deux facilitateurs de voir le Togo tomber dans un vide constitutionnel.

Cette sortie du porte-parole du gouvernement togolais a été lourdement condamnée par la coordination de la Coalition des 14 qui dénonce une fois encore la « mauvaise foi du pouvoir togolais » à se précipiter vers des « élections frauduleuses ». Comme le mercredi dernier d’ailleurs, cette frange de l’opposition n’exclut pas l’éventualité de renouer avec les manifestations de rue. On ne parlera plus de violation du code de bonne conduite librement consenti par les protagonistes le 15 février dernier.

En dépit de ces injonctions, les leaders du regroupement à commencer par Brigitte Adjamagbo-Johnson, sa coordinatrice et porte-parole, sont devenus maîtres du mauvais accusateur. De fait, lorsque l’on scrute de près les derniers appels des deux facilitateurs, il s’avère que depuis l’entame du dialogue, seul le gouvernement a largement ouvert les vannes en concédant la tenue des élections dans les délais légaux, la libération des détenus des manifestations violentes d’août et septembre, les poursuites judiciaires contre les instigateurs de la violence etc.

Fidèle à sa ligne directrice, Mme Adjamagbo-Johnson martèle que « Notre mission dans ce mois de juillet, c’est de maintenir la lutte. Et je suis convaincue que si nous maintenons la lutte comme nous l’avons entamée, si nous restons unis et concentrés sur ce que nous réclamons pour l’apaisement de ce pays, nous aurons la victoire ».

Une victoire qui tarde à venir pendant que le parti Unir qui a repris la main, s’évertue et s’active à rester mobilisé en prélude aux élections.

Awih Essoyodou