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La presse togolaise, aujourd’hui !

Traditionnel jour consacré aux médias depuis quelques décennies, ce 3 mai nous rappelle encore à nous journalistes, à nos lecteurs, auditeurs, téléspectateurs, etc. l’inlassable bataille pour la liberté de penser et de s’exprimer. Évoquons alors ce que fut le grand rêve de ces milliers de Togolais, puis de ces centaines de journalistes Togolais qui se sont engouffrés dans le sillon creusé par l’insurrection d’Octobre 1990 pour doter leur pays d’une presse libre et indépendante. Près de trente années après, en dépit des efforts de chaque part, qui pour se professionnaliser, qui pour garantir ce droit fondamental aux citoyens et journalistes togolais, on ne peut pas dire que le pari ne tient plus.

En attendant le traditionnel rapport de l’Observatoire Togolais des Médias (OTM), à cette occasion, nous pouvons constater que dans la presse écrite, première apparue, de rares journalistes précurseurs n’ont pas lâché prise et de jeunes générations sont venues les accompagner et ont parfois pris la relève mais il s’agit davantage d’îlots qui tiennent encore dans un océan d’adversité que d’une réelle presse indépendante, forte et institutionnalisée.

Franchie douloureusement, la première épreuve, d’une dizaine d’années, a été la confrontation avec le pouvoir de Gnassingbé Eyadéma, à l’époque. Ce fut arrestations et séjours en prisons de plusieurs journalistes, ce fut des menaces sur des professionnels des médias, l’inexistence d’un soutien de l’Etat à la presse jusqu’à une certaine année ; etc.

La seconde phase, toujours en cours d’une certaine manière, est le bras de fer avec les dirigeants politiques, qui tout en s’accommodant de l’existence de vrais contre-pouvoirs, dont la presse indépendante, s’offusque et s’indigne de violations – relativement courante- de règles de déontologie et d’éthique. L’interdiction de parutions de journaux, n’est pas fréquente.

Les emprisonnements de journalistes et de leurs responsables ainsi que le harcèlement judiciaire, n’existent plus. Si l’Etat a peu recours aux geôles et aux fermetures par la justice, il agit par contre au plan économique. La publicité institutionnelle est presque inexistante, aucune ne politique d’exonération des charges  fiscales  au  bénéfice des entreprises de presse…

Les journaux en ligne, nouveaux venus dans l’espace médiatique, prennent encore leur mal en patience pour qu’un cadre légal les prenne définitivement  en  compte. Ce qui les maintient dans un état de fragilité car la presse électronique stagne, en dépit d’une forte demande de la population, de plus en plus connectée. Pourtant, on doit compter sérieusement avec cette presse aujourd’hui…

C’est grâce à leur lectorat que certains journaux tiennent encore, contraints continuellement, avec risques, d’ajuster leurs prix, de faire face aux aléas de distribution et de fabrication, les coûts subissant hausse sur hausse…

Tout cela est supporté par les seuls médias, les pouvoirs publics ne jugeant pas encore utile l’augmentation conséquente de d’aide à la presse indépendante. Le climat politique général du pays, les règlements de comptes, les divisions… aggravent sensiblement cet état de clochardisation et de bipolarisation des médias. Il faut une sacrée dose de courage et d’amour du métier aux journalistes pour défendre leur profession et leur vocation. Bonne journée mondiale de la liberté de la Presse.

Dieudonné Korolakina