Voulez-vous faire couvrir un événement par Togo Matin?

Qu’est-ce que l’ « opposition démocratique » ?

Des militants de l'opposition

N’ayant pas pu animer leur conférence de presse, comme prévu, pour des raisons qu’il serait inutile de rappeler, les trois avocats de l’Association pour la promotion de l’Etat de droit (APED), n’ont pu s’empêcher cependant de diffuser largement le contenu de leur déclaration liminaire pour une sortie de crise au Togo. Celle-ci propose en 4ème point « La mise en place d’un Gouvernement de transition avec un Premier ministre désigné au sein de l’opposition démocratique. ».

Telle que formulée, cette suggestion relance le débat de l’exclusion ou de la catégorisation de certains leaders ou partis d’opposition. C’est une question qu’on peut minimiser en fonction justement de sa situation dans la classe de l’opposition, mais c’est une des questions essentielles qui agitent en profondeur le mal être de notre opposition, surtout lorsque cette dernière s’éveille à brandir l’Union de l’opposition comme la recette qui pourrait tout gagner.

C’est une question qui se pose d’autant plus qu’à l’analyse de la composition d’une Coalition comme celle rassemblant les 14 partis de l’opposition – celle-là qui a le privilège des discussions avec le pouvoir, dans le cadre du dialogue inter togolais ouvert depuis le 19 février dernier – elle se révèle comme un regroupement de partis d’opposition diversement classifiés, en  fonction de ceux qu’on  peut  qualifier « d’opposition démocratique », « d’opposition modérée », « d’opposition vendue », « d’opposition proche du pouvoir », etc.

Autrement dit, si l’on se fie à cette proposition de l’APED, lorsqu’il s’agira de nommer un Premier ministre au sein de cette incernable «opposition démocratique », il faut avouer que ce serait l’ouverture d’une guerre larvée entre leaders ainsi labélisés différemment. Et de telles guéguerres entre leaders, l’on en a vu depuis que le vent du 5 Octobre a soufflé sur le Togo. Ce sont ces différends profonds entre leaders que l’APED, promeut toujours sous cape, ils ne font que monter la robustesse de leur adversaire.

La démocratie a besoin de l’opposition. Un point et c’est tout. A partir du moment où l’on colore la question en se demandant, à quel type d’opposition, l’on doit recourir pour telle ou telle autre responsabilité, c’est le dévoiement, c’est le fourvoiement qui ne respecte plus les lignes tracées par le jeu démocratique. Ces lignes sont essentiellement entretenues et nourries dans une démocratie par la majorité, qui reste cependant à l’écoute des débats contradictoires émanant de la minorité. Ce débat contradictoire permet au pouvoir d’expliquer son action, d’en démontrer la pertinence, de la corriger et donc de l’améliorer.

En démocratie, la légitimité de l’opposition politique est l’arc-boutant de la légitimité du gouvernement. Les deux légitimités  se  confirment réciproquement. La formule « opposition démocratique » est sérieusement provocatrice, a fortiori dans notre contexte où le charisme des leaders de l’opposition qui émergent au  fil  du  cheminement démocratique est sujet à débat. Plutôt que d’opposition démocratique, parlons « d’opposition responsable », c’est-à-dire celle-là qui reconnaît expressément, le gouvernement comme représentant légitime de la majorité électorale et partenaire politique dans le service de l’intérêt général et dans la construction du Bien commun.

Dieudonné Korolakina