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Sortie de crise, les Togolais vont-ils aller aux urnes ou pas ?

Un électeur accomplissant son devoir civique

A ce jour, il est devenu manifeste que le dialogue inter-togolais est dans l’impasse. La toute dernière illustration est l’annulation de la visite de la Coalition des 14 chez Nana Akufo-Addo, l’un des médiateurs dans cette crise pour indisponibilité de ce dernier. Même s’il ne faut pas conclure par-là que le président ghanéen veut jeter l’éponge, on sent quand même que les partenaires du Togo dans la résolution de la crise, commence à s’en lasser.

Ayons le courage de le dire, la pression que l’opposition avait sur le pouvoir en place n’existe pratiquement plus. Les leaders de la coalition refusent d’admettre que la population est fatiguée, entraînant un essoufflement. Ils expliquent la démobilisation par le fait que le pouvoir mène une politique de répression. Mais on se rappelle que le gouvernement n’a fait que changer les itinéraires et les points de chute à cause des plaintes des riverains des voies empruntées pendant sept mois.

Logiquement donc, si les manifestants ne sont pas fatigués de faire la même chose pendant des mois sans résultats, ils continueraient à sortir, même si l’itinéraire était dans la brousse. Comme aiment à le rappeler tout le temps les dirigeants de l’opposition, « la lutte populaire est invincible », et « rien ne peut venir à bout d’un peuple debout ». Si malgré cette détermination qu’on a constatée, les populations ne sortent plus comme avant, c’est qu’elles veulent passer à autre chose, et il faut que les acteurs politiques le comprennent. Lorsqu’une méthode a échoué, il faut le reconnaître humblement et essayer d’autres choses. «L’erreur est humaine, l’entêtement est diabolique », dit une citation attribuée à Sénèque. Certains acteurs de l’opposition, de la société civile et des observateurs ont auparavant émis des réserves sur cette position radicale. Mais ils n’ont pas été écoutés, pire beaucoup ont été vilipendés et traités de vendus. Face à cette situation, que faut-il faire ? Aller aux élections, ou ne pas y aller ?

Même si les membres de la Coalition et certaines organisations de la société civile continuent de rejeter cette option, à un moment ou à un autre, il va falloir y aller. Dès le début de la crise, le président de la République française, Emmanuel Macron, interpellé sur la situation politique togolaise, avait été clair, il n’y a qu’une voie en démocratie pour départager des adversaires. Aller aux élections, pour qu’il y ait alternance ou confirmation. Et aujourd’hui, cette option est en train de revenir avec récurrence sur la table, notamment avec les représentations diplomatiques. La messe est-elle dite ? Affaire à suivre.

Edem Dadzie