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Bénin / Restitution des œuvres d’arts, faut-il applaudir Macron ou Talon ?

Patrice Talon et Emmanuel Macron

Il avait fait la promesse d’œuvrer à la restitution temporaire ou définitive du patrimoine africain en Afrique. Après exactement 12 mois, le président français Emmanuel Macron rentre dans l’histoire et crée une polémique séculaire qui a survécu aux bouleversements sociaux. 26 œuvres réclamées par le Bénin retrouveront leur terre d’origine, ouvrant la voie à une requalification des relations entre la France et l’Afrique.

Acte courageux ou acte de sagesse, diversion ou acte lourd de conséquences, la décision du président français est diversement appréciée en France. Car, au regard des implications que cette décision suscite, la restitution des œuvres d’art dépasse le simple geste de la France à l’endroit de ces pays d’Afrique longtemps restés dans l’ombre d’une supposée relation d’égal à égal.

C’est, à n’en point douter, un acte historique. Mais surtout courageux. La célérité avec laquelle le jeune président français a pris cette décision aura surpris plus d’un. Car, sans même requérir l’approbation du Parlement, le président Macron a, décidé de restituer des biens appartenant aux musées français considérés par la loi française comme « inaliénables », ne pouvant être ni vendues, ni offertes.

Qu’à cela ne tienne. La procédure respectée ou pas, la décision de restitution aura lancé un signal fort dans les relations entre la France et l’Afrique. Face aux mouvements afro optimistes qui pointent pour la plupart du doigt le rôle néfaste de la France dans la descente aux enfers des économies africaines francophones, la France se devait de rétablir au plus vite la confiance qui s’est au fil du temps effritée.

En se référant à la valeur culturelle que représentent ces œuvres d’art pour les Africains, on comprend ainsi le grand acte symbolique que vient d’accomplir le président Macron. « Absurde », c’est le mot employé par l’éditorialiste et chroniqueur togolais Jean-Baptiste Placca, pour qualifier la situation qui voudrait, par exemple, que certains chefs traditionnels nigérians, pour valider leur intronisation en tant que rois ou leaders spirituels de leurs communautés, aient été, jusque-là, obligés de faire le déplacement de Londres, pour prendre symboliquement siège dans le trône prévu à cet effet, et que le colonisateur a emporté comme simple objet d’art, relevant du butin de la soumission coloniale. « Devant le trône du roi Ghézo, que de Dahoméens (Béninois) se sont prosternés, déchaussés, dans l’enceinte même du Musée du Quai Branly ! Parce qu’ils lui doivent vénération. Et l’idée de la restitution, suggérée par ce jeune chef d’État français, vient apaiser, comme vous ne pouvez l’imaginer, les relations de la France avec l’Afrique ».

Au demeurant, c’est une décision qui place désormais Macron et Talon en « héros » du retour des œuvres d’arts africains vers l’Afrique. Actuellement en proie à de vives critiques sur leur gouvernance, Emmanuelle Macron qui peine à désamorcer la grogne des « Gilets jaunes », et Talon qui fait face à une opposition de plus en plus coalisée et forte à l’approche des élections au Bénin, c’est un petit soulagement que viennent de s’offrir ces deux présidents, avec cette décision. Reste maintenant à régler les implications juridiques pour que la restitution soit effective.

Alexandre Wémima